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Ecrans: l’illusion de la sociabilité

Çà y est votre enfant a accédé au Graal. Smart phone chevillé à la main, votre adolescent se soustrait à son environnement quotidien, à ses sens, à son corps. Il y a quelque chose, un vide, une distance, une nébuleuse qui s’impose peu à peu entre vous et votre enfant.

Il manifeste clairement sa frustration dès que vous tentez de réguler le temps qu’il passe sur son smartphone, ou de communiquer sur les méfaits de l’utilisation prolongée des écrans, ou de son absence, son désengagement au sein du foyer.

Que dire de l’incroyable et désastreuse amplification narcissique de la personnalité que l’on observe chez les jeunes à présent accros aux réseaux, aussi démesurée que l’est le vide existentiel qu’elle comble.

L’adolescent se soustrait du monde qui l’entoure. Des contraintes familiales et sociales qui pourtant sont autant d’opportunités de développer leurs ressources et leur personnalité. 

Justement car ces contraintes relationnelles engagent l’être tout entier en action. L’individu se définit par des choix puis des actes.

Sur les réseaux sociaux, on navigue dans le monde des idées, des opinions, dans le fake des images retouchées, de la mise en scène d’un moi idéal. L’ado peut totalement sublimer la personne qu’il aimerait être, et ainsi interagir avec les « amis » connectés qui sont autant d’autres moi sublimés et complément artificiels.

Oui, bien sûr Paulina, que ta fille se sent seule, malgré les heures qu’elle passe avec ses « amis » sur les réseaux, car ce ne sont pas des être humains qui interagissement mais des spectres mentaux. Il n’y a pas d’échanges authentiques vraiment possibles dans de telles conditions.

Que c’est inconfortable d’être un être humain, dans un corps d’humain, avec des besoins affectifs psychiques tellement conflictuels et nébuleux. Que c’est difficile parfois d’exprimer ses besoins, ses désirs, de se sentir approuvé ou au contraire insuffisant.

C’est bien par l’expérience de l’être dans le corps, et par les contraintes sociales, environnementales qui la challengent qu’une personne peut découvrir qui elle est.

Puis s’engager dans la résilience au lieu de rechercher l’évitement, le mise à distance.

 

Aux parents d’adolescents je dirai, faites-leurs des propositions intéressantes, aidez-les à découvrir des activités qui l’engagent psychiquement, émotionnellement, physiquement. Amener-les dans la nature, créer des moments où ils s’amusent. Donnez-leur des responsabilités intéressantes. Faites en sorte qu’ils fassent l’expérience fréquente que c’est génial d’avoir un corps, que vous vous intéressez à son avis.

Et je vous invite aussi à cette auto-réflexion : est-ce qu’à un moment il n’a pas été plus facile, pratique que votre enfant soit devant un écran, plutôt que de devoir lui donner de l’attention, susciter son intérêt, son enthousiasme. Être créatif et disponible. Par exemple quand on rentre du boulot le soir, déjà plutôt fatigué. Ou alors le week-end, quand on a envie d’être centré sur soi-même, être dans sa bulle. Ou que l’on a besoin de « mettre à distance »…

Désolée de dire des choses qui blessent, mais c’est bien lorsque que l’on prends la responsabilité d’une situation que l’on acquiert le pouvoir de la changer.

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