Dépression : comment éviter la prise d’antidépresseurs grâce à une activité physique régulière ?
Des études récentes montrent qu’une activité physique régulière permet de diminuer significativement les symptômes dépressifs, aussi efficacement que la prise d’un traitement par antidépresseurs.
Une méta-analyse publiée dans le BMJ en 2024 a analysé 218 essais contrôlés randomisés incluant plus de 14 000 participants souffrant de dépression. Les résultats ont montré que l’exercice physique a un effet bénéfique modéré sur les symptômes dépressifs, comparable à celui de la psychothérapie ou des antidépresseurs pour la dépression légère à modérée. Certaines formes d’exercice, comme la danse, la marche, le jogging et le yoga, ont montré des effets particulièrement significatifs. (Noetel et al., 2024)
Une autre revue systématique et méta-analyse parue dans le British Journal of Sports Medicine en 2023 a confirmé l’efficacité de l’exercice pour réduire les symptômes dépressifs chez les adultes. Les chercheurs ont souligné l’importance de considérer l’exercice comme une modalité de traitement à part entière. (Singh et al., 2023)
La dépression n'est pas juste un état mental...
La dépression n’est pas seulement un état mental, ou pour dire les choses autrement, si elle affecte profondément ce que nous percevons comme notre état psychologique, la dépression est un état qui impacte l’être dans sa totalité.
Le dépressif traverse non seulement une crise psychologique et émotionnelle qui impacte le corps mais également, ce qui est souvent moins bien compris, une crise existentielle profonde qui a tout à voir avec l’émergence de la conscience.
Ceux qui connaissent ma pratique thérapeutique seront familiers de mon concept de « thérapie intégrale ». Nous sommes un corps, un esprit, une conscience. Et par conséquent, une approche thérapeutique de la dépression devrait inclure une attention particulière à chacune de ces « parties » de nous car elles ne font qu’une et sont interdépendantes.
Quels sont les mécanismes d'action de l'activité physique sur la dépression?
L’un des symptômes physiologiques de la dépression est une baisse significative de la sérotonine, neurotransmetteur responsable de l’humeur, de la motivation, du bien-être, du sommeil et de l’appétit (pour être brève).
C’est là qu’agissent les antidépresseurs en apportant au cerveau une sorte de sérotonine artificielle. Celui-ci à la longue fait de moins en moins l’effort d’en produire par lui-même et devient de ce fait dépendant. Certes, le confort de vie s’améliore très rapidement mais le coût peut être également élevé, à chacun de se faire sa propre opinion sur la question.
Ce que la « Science » démontre maintenant, c’est qu’il est désormais prouvé que la pratique régulière d’une activité sportive relançait la production de sérotonine, et même de dopamine, de façon significative, à des taux équivalents à l’action d’un antidépresseur.
Dans le cas de dépression légère ou modérée… La précision est utile car il n’est pas question ici de vendre du rêve.
Pour résumer, l’antidépresseur apporte un compensation artificielle qui inhibe peu à peu la production de sérotonine. Et l’activité physique permet de stimuler et relancer cette production.
On pourrait aborder les choses de cette façon : si tu rencontres une personne qui a faim, vaut-il mieux lui donner un poisson ou lui apprendre à pêcher ?
Les études scientifiques (et le bon-sens) démontrent également que l’activité physique régulière permet de diminuer significativement l’anxiété, le stress, agit sur l’estime de soi en nous permettant d’accomplir une action bénéfique pour soi-même et stimule la volonté.
J’ajouterai à cela d’une part, que bouger son corps, prendre consciemment soin de lui permet d’éviter cette déconnexion corps-esprit qui a lieu à un stade aggravé de la dépression.
D’autre part, qu’il n’est pas juste question du corps, mais de prendre soin de soi par le corps, de se donner à soi-même cette attention vitale dont on a parfois manqué et qui est un vecteur si crucial de l’amour de soi.
Que faire si je n'arrive pas à me motiver?
Pour l’avoir vécu, je connais cet état d’anéantissement absolu, cette incapacité à sortir de son lit ou même d’ouvrir les volets.
Je me serais franchement énervée si quelqu’un m’avait conseillé d’aller faire de la danse ou de la randonnée quand j’étais dans cet état. C’est la psychothérapie elle-même qui m’a permis de sortir de ces limbes. Puis l’activité physique m’a aidée à élever mon état d’énergie général, à me « réincarner » dans mon corps, et à soutenir mon travail en thérapie.
En conclusion
L’activité physique n’est pas une panacée mais un soutien utile et très bénéfique pour agir sur les symptômes dépressifs, au même titre que pourraient l’être les anti-dépresseurs, et ce dans le cas de dépression légère ou modérée.
Cependant, pour guérir, on ne peut faire l’économie d’un travail thérapeutique pour identifier et résoudre les causes de la dépression. C’est du moins mon avis au terme de presque 20 ans d’expérience comme psychothérapeute.
